mercredi 4 janvier 2012

La Bulle... Souvenirs froissés

LA BULLE par Florent Moreau




Gelés nous étions. La feria elle, portait le nom de Primavera. Mais en plein Hiver, il n'y avait aucun air du Printemps annoncé. A Nîmes, il fut un temps entre 1989 et 2005, où lorsqu'arrivaient les périodes glaciales de l'année, l'arène devenait provisoirement recouverte par une Bulle gigantesque. Là-dessous s'y donnaient des courses de taureaux.
Chaque début d'année, une feria de novilladas avait lieu. Par ailleurs, de très nombreux matadors qui officient toujours à l'heure actuelle, et qui prirent l'alternative entre la fin des années 90 et le début du nouveau millénaire, sont forcément passés sous la Bulle en tant que novilleros.

Parmi plusieurs novilladas, je me souviens particulièrement d'une. C'était une nocturne en Hiver, et le bétail provenait de chez Hubert Yonnet. Dans la nuit gardoise, il faisait froid, les projecteurs éclairaient la piste mais ne transmettaient aucun ressentiment estival, loin de là. Les Yonnet étaient sérieux, âpres et rugueux. En face, Diego Urdiales fut sifflé si ma mémoire est bonne. L'accompagnaient Manuel Bejarano ainsi que Morenito d'Arles, devenu depuis banderillero. Si l'on se penche sur le tableau de chasse de ce dernier lors de sa carrière de novillero, on remarque qu'il "s'y est filé" comme on dit dans le jargon. C'était au mois de Février, l'Hiver, le froid et parfois la neige, mais il y avait des novilladas dans ces arènes temporairement couvertes.

Si l'on regarde l'historique de toutes ces ferias de Primavera, on constate qu'il y avait un peu de tout. Du "prêt-à-toréer" pour jeunes starlettes avec ou sans lendemain, il y en avait, c'est une certitude. Mais défilaient également des lots de novillos sérieux, comme ce fut le cas des Yonnet de 98. Le signe distinctif de la Primavera, c'est qu'il s'agissait d'une feria exclusivement composée de novilladas.

Puis vînt un schéma en quatre étapes.
Une année, des corridas (mixtes) furent introduites dans cette feria pour permettre à Manzanares junior de s'y produire. Les novilladas formelles avec deux compagnons de cartel de la même catégorie, ce n'était pas pour lui !
Une autre année, cette feria fut entièrement composée de corridas.
Et puis un jour, certains jugèrent la mise en place de cette Bulle trop coûteuse. Pour la dernière feria dans ces circonstances, il y avait une majorité de corridas. Mais comme un symbole, la dernière course qui y eut lieu était une novillada.
Et dans l'imaginaire, la Bulle s'envola.


Florent Moreau
http://al-toro-rey.blogspot.com

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