Vendanges 2016, le véritable Brindis de Nîmes se jouait aux Arènes !
Cela faisait quelques années désormais que je n’écrivais plus de petites chroniques via le blog des Jeunes Aficionados Nîmois. Il est loin le temps de mes études où je profitais de mes cours pour me laisser aller à mettre par écrit mes réflexions et mes questionnements sur la tauromachie, cette passion qui coule dans mes veines depuis toujours. La vie active a pris le dessus, et avec cela un rythme qui ne me laisse plus beaucoup de temps pour prendre ma plume. Mais ce matin, je me suis levé avec l’envie d’écrire contagieuse. Mais écrire quoi ? Que pasa hombre me direz-vous ! Et bien, se pasa que, c’était la Féria des Vendanges à Nîmes ces trois derniers jours. Et quelle Féria, je me suis levé heureux et avec l’envie de le faire partager !
Vous vous rappelez sûrement du naufrage taurin de la dernière Pentecôte, et bien moi aussi, et il m’avait marqué profondément. Marqué parce que quand la tauromachie se casse la gueule, c’est notre aficion qui en prend en coup. Alors on a râlé, on a critiqué, et on même proposé de tous nous voir pour que l’aficion s’unisse et que nous réfléchissions à ce que Pentecôte 2016 ne se reproduise plus. L’été a passé, la table ronde n’est jamais arrivée, mais il semble que le positionnement des pisse-vinaigre de la tauromachie, ait quand même été pris en compte malgré les postures médiatiques. Un solo de Sébastien Castella devant les exigeants et redoutés Adolfo Martin, 3 encastes différentes, un élevage Français (première depuis 2012 !), et de l’expérience mêlée à de la jeunesse dans les toreros choisis, tout était fait pour redorer le blason des Arènes Nîmoises.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au bout de ces trois jours de Féria, on a le sourire ! Simon Casas était pour ces Vendanges la personne désignée pour le désormais traditionnel « Brindis à la ville de Nîmes » à Carré d’Art les Avocats du Diable Vauvert. Mais à vrai dire, le véritable « Brindis » à la ville et à son aficion pisse-vinaigre de l’empresa a eu lieu aux Arènes. Un résultat taurin qui a fait honneur aux Arènes de Nîmes par la diversité des choix proposés en terme d’encastes, comme en terme de succès des toreros au premier rang duquel l’immense Juan Bautista. Et bien sûr à ne pas oublier le « No Hay Billettes » une fois de plus pour le Tendido Jeunes où la jeunesse locale se presse à chaque Corrida !
La novillada d’ouverture a parfaitement lancé la Féria, les toros de la famille Vangelisti ont confirmé que le travail de nos éleveurs Français méritait d’être beaucoup plus souvent mis en avant dans nos arènes (pourquoi ne pas réserver la novillada des férias à une ganadéria Française ?). Puis les jeunes novilleros Manolo Vanegas, Andy Younes & Tibo Garcia ont également été au rendez-vous chacun dans son style.
Samedi matin, malgré des toros du Puerto de San Lorenzo décevants et accidentés, Juan Bautista a offert sa première belle prestation du week-end et même si la Porte des Consuls a été bradée par la Présidence, le maestro Arlésien a confirmé qu’il n’était pas présent deux fois durant cette Féria pour rien.
Samedi après-midi dans des arènes quasi pleines et devant les caméras de télévision, Castella s’est mué en guerrier pour le défi de sa carrière, s’enfermer face à six Adolfo. Si le résultat final est mitigé du fait des gros échecs à l’épée du bittérois, la profondeur de ses séries gauchères à son second toro, et l’implication qu’il a eu à chacun de ses exigeants Adolfo Martin excellemment bien présentés, impose le respect de l’aficion et la reconnaissance du geste du maestro Français.
Dimanche matin, ce fut la consécration d’un Juan Bautista au sommet de son art. Dans une corrida intéressante et complète de Victoriano del Rio (prix du lot de la Féria des JAN mais on y reviendra) dont l’apogée est le 5ème de cette course « Soleares », nous sommes passé de la frayeur et la peur lors du terrible accrochage de Thomas Joubert à son 1er toro qui le laissera inanimé sur le sable de la piste, à la douceur et le temple de … Thomas Joubert revenu tel un phénix combattre le dernier toro de la corrida pour nous raconter sa tauromachie, faite de douceur et de cette mélancolie qui fait de lui un belluaire. Au milieu de cette belle matinée, un homme : Juan Bautista. Une rencontre avec un grand toro « Soleares » à la charge vibrante, et la profondeur du maestro d’Arles qui réalise la plus belle saison de sa carrière et qui sous le Concerto d’Aranjuez, nous livrera une partition au combien remplie d’émotion, des larmes de plaisir ont même coulé sur les joues de certains aficionados. Du bonheur brut comme seule la tauromachie peut nous offrir.
Alors que nous étions d’ores et déjà rassasiés de cette Féria, dimanche après-midi est venu comme la cerise sur le gâteau (pour ceux qui étaient aux arènes car on ne peut que déplorer une si faible entrée) avec un lot exquis de Nunez del Cuvillo. Pas de noblesse bête et niaise chez ces toros, mais une remarquable noblesse pour les trois premiers, associés à une bravoure plus exigeante pour les toreros du jour pour les trois derniers. Face à eux, Alberto Lopez Simon s’il coupe 1 oreille dans la tarde et n’a pas vraiment déçu, il n’a pas (à mon sens) assez mis de profondeur dans son toreo face à d’excellents adversaires qui ont bu ses muletazos à ne plus s’arrêter de charger, il montre ses difficultés de collocation du moment. Alejandro Talavante a proposé lui face à son excellent premier toro de la douceur et de la profondeur et montré sa bonne forme actuelle, il a été plus discret à son second. Enfin, le jeune Mexicain Luis David Adame a fait étalage de cette tauromachie Sud-Américaine qui porte tant de joie et d’alegria, avec une diversité au capote excellente, et une envie débordante. Une alternative réussie pour lui.
En conclusion, et même si certaines choses restent perfectibles (deux présidences pas au niveau, et encore des efforts à faire sur le trapio général des lots), voilà donc comment, en mettant quelques mots sur trois jours d’aficion, j’espère avoir pu vous faire partager ce positivisme taurin avec lequel l’aficion locale sort de cette Féria. C’est ça tout le mystère de la tauromachie, capable de nous faire passer l’immense déception de Pentecôte à la belle satisfaction des Vendanges, et c’est tant mieux ainsi !
CC.